Mot à Mot

 Viviane de Montalembert

 

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  ♦ "La fraude mystique
     de Marthe Robin
",
     Conrad De Meester



  21ème Dimanche du Temps Ordinaire. B


De la "soumission" des femmes…
    dans l'Épïtre de Paul aux Éphésiens


Éphésiens 5, 21-32

Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps… [Eph 5, 21-23]

Ce texte de Paul relu chaque année en un dimanche du temps que l'on dit "ordinaire", à vues humaines a de quoi désespérer les femmes qui, aujourd'hui encore, ne sont pas sûres d'avoir remporté le combat de leur dignité face à bien des hommes ; face à cette insupportable forfanterie de nombre d'entre eux qui croient ne tenir leur identité d'"homme" que de la domination des femmes. Ne leur reste, à ces femmes, que la maigre compensation d'être "aimées" de leur homme "comme son propre corps", ce qui ne leur assure pas grand-chose de plus, sinon de lui être assujetties comme la part inférieure de son individu, la tête restant la partie noble. L'argument par ailleurs souvent invoqué de la "misogynie" de Paul n'est guère plus consolant, qui disqualifie la parole de l'Apôtre mais sans rien mettre à la place.

"À vues humaines", avons-nous dit, c’est-à-dire sans qu'il soit prêté attention à la référence au "Christ" pourtant maintes fois réitérée – non pas comme une pétition de principe qui viendrait renforcer encore l'assujettissement des femmes à leurs hommes, mais comme la base et le fondement d'une soumission qui, hors de ce contexte éminemment théologique, devient absconse. À quoi s'ajoute, comme souvent, un problème de traduction de ce verset qui, si on  lui restitue ce  qui précède et lui appartient, ouvre à de nouvelles interrogations autrement prometteuses :

Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ, les femmes [l’étant] à leurs hommes comme au Christ [Eph 5, 20-22].

L'injonction disparaît alors au profit du simple constat : "les femmes [étant soumises] à leurs hommes comme au Christ". Paul part ainsi du principe que les femmes le sont déjà, "soumises" à leurs hommes, à ce détail près qui n'est pas négligeable, qu'elles ne le sont plus seulement "dans la crainte du Christ" comme il était dit précédemment, mais "comme au Christ", ce qui change singulièrement la donne. Alors que la "crainte de Christ" renvoyait au commandement adressé à tous d'aimer Dieu "de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit" [Deutéronome 6, 5], "comme au Christ" place ici les femmes dans une relation au Christ tout à fait singulière, laquelle impose aux hommes précisément d'être de ceux qui lui sont configurés :

"Car ceux qu'il a choisi d'avance, il les a aussi destinés à reproduire l'image de son Fils, afin qu'il soit l'aîné d'une multitude de frères." [Rm 8, 29]

Telle est la soif d'une femme marquée du sceau de l'Esprit, la condition même de son bonheur… et de sa "soumission" : Dans la chair d'un homme, voir et toucher la chair du Fils de Dieu.

Viviane de Montalembert 08/21

* Pour une étude plus poussée de ce thème de la "soumission" des femmes dans l'Épître aux Éphésiens, voir "Un homme, une femme et Dieu". Pour une théologie biblique de l'identité sexuée, Vème partie, Ch. 4, vm.

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