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Viviane de Montalembert

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13ème Dimanche du temps ordinaire
Année B

La puissance de la mort ne règne pas sur la terre,
car la justice est éternelle.

Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui.
                                                                (Livre de la Sagesse, ch.1, v.13 à 24)

La justice, en langage biblique, c’est le don. Le don que Dieu fait à l’homme de sa personne. Cette justice-là, intime et personnelle, saint Paul en parle comme d’un torrent, une pluie, un soleil, un flambeau, ou encore un manteau, une cuirasse, et même un héritage*. Le torrent coule d'abondance, la pluie abreuve, le soleil réchauffe, le flambeau éclaire la nuit ; le manteau enveloppe celui qui est nu et sans défense, et la cuirasse le protège des coups portés par l’adversaire. Enfin elle est un héritage, car elle se reçoit sans autre mérite que de vouloir vivre et se confier en elle.

Telle est la vie que Dieu partage à ses amis. Tout "ce qui naît dans le monde est porteur de vie". Notre corps même nous en est témoin, qui est en perpétuel renouvellement : vingt milliards de nos cellules qui meurent chaque jour et qui sont remplacées ! Nos corps ainsi sont  constamment remis à neuf… jusqu’à ce jour qu’on appelle communément "la mort" – mais qui n’est pas la même pour tous.

Pour ceux qui ont cru en cette vie bonne et généreuse et qui l’ont partagée à leur entourage autant qu’ils l’ont pu – au risque même parfois de leur propre vie –, pour ceux-ci le processus de renouvellement du corps au jour de leur "mort" atteint son paroxysme. Ils abandonnent alors leur ancien corps, comme on le ferait d'une mue devenue inutile, pour entrer tout entiers en un instant dans la plénitude du corps du Christ ressuscité. Ils héritent alors d’un corps tout neuf que la mort ne peut plus atteindre .

Est-ce le jour même de leur disparition ou à la fin des temps que cela se fait ? Cette question, ceux qui restent se la posent parce qu'ils sont encore dans le temps. Mais pour ceux et celles qui ont accueilli cette vie en plénitude elle n’a aucun sens, puisqu’avec Dieu ils habitent tous les temps, au cœur d'une éternité à jamais bienheureuse.

Pour les autres, en revanche, ceux qui n’ont pas accueilli cette vie et qui ont préféré faire cause commune avec le "jaloux", ceux qui – comme Caïn tuant son frère parce qu’il veut exister seul dans le regard de Dieu – ne tolèrent leurs semblables que soumis à leur caprices et à leurs transgressions, pour ceux-là le processus de renouvellement de leur corps, au jour de leur mort, touche à sa fin. Ils s'entendent dire alors, comme à l’adam pécheur des premiers récits : "Toi, tu es poussière, et tu retournes à la poussière."

"C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui." Ceux-là en effet le savent "d'expérience", car ce n'est pas seulement à leur dernier jour, mais dès aujourd'hui et depuis leur premier jour**, qu'ils pactisent avec la mort.

Viviane de Montalembert 07 18

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* Éphésiens 6, 14-18
** Sur ce choix précoce, voir V. de MONTALEMBERT, Des morts et des vivants, Cerf, Paris, 2017.

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