à Propos


Jean Pierre Brice Olivier

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Les Saints Jours


 
COMME CHAQUE ANNÉE, LES CHRÉTIENS célèbrent la semaine sainte qui s’ouvre avec les Rameaux et se clôture par la Résurrection.

La Semaine Sainte — la cène, le lavement des pieds, la croix, la mise au tombeau et la grande vigile de la résurrection avec le feu et l’eau — n’est pas une commémoration plus ou moins sensible d’événements du passé. Le rappel de la Passion de Jésus n’a pas pour but de nous apitoyer sur l’horreur de son supplice, ni de nous faire nous lamenter sur nos péchés responsables de sa mise en croix. Non ! Le sens est ailleurs.

La parole de Dieu est pour toi, maintenant. Elle te concerne parce qu’elle parle de toi, de ce que tu vis concrètement avec Dieu et connais de Lui. La liturgie des jours saints, la Parole de Dieu, sont là pour servir ta propre vie. Jésus, fils de Dieu, figure et modèle, est le chemin, la vérité et la vie. Nous, qui sommes configurés à lui, vivons ce qu’il a vécu. La croix est une réalité de la vie de celui qui marche avec Dieu. Notre passion peut sembler pâle, comparée à la sienne, moins dramatique mais elle n’en est pas moins réelle, de même que notre résurrection. Nous lisons aux Rameaux et le Vendredi Saint la fin tragique du Christ, mais sa Passion débute bien avant, elle est de toujours. La nôtre aussi. Critiques, oppositions, mépris, incompréhensions, menaces, harcèlements, abus… Ne sommes-nous pas nous aussi dans le don total de notre vie, corps et sang ? Sans être dans l’affliction et la componction, nous ne restons pas indifférents à l’écoute de ce que le Christ à traversé avant nous et pour nous. Mais notre vraie et profonde émotion vient surtout du don qui nous est fait : ses mains tendues, la parole au larron, la révélation absolue d’un amour sans réserve. Notre émotion a aussi sa source dans ce que nous nous reconnaissons en lui : vendu, insulté, enchaîné, battu, dénudé, le cœur transpercé, humilié, laissé par ceux qui soi-disant étaient amis… “La croix est le rendez-vous du ciel et de la terre — dit Lacordaire — c’est l’heure du monde et le monde est présent”. Entendons ici “le monde” par opposition au Royaume de Dieu.

Bourreaux, gardes, pharisiens, passants entourent Jésus et le pressent. Étrangers à lui et à ce qui se passe en vérité, ils sont familiers du mensonge, curieux d’humiliation , et gourmands de condamnation. Tandis que les proches, femmes et disciples, regardent de loin — précise l’évangile — parce qu’ils ne peuvent pas s’approcher de l’horreur. C’est l’épouvante qui les tient à distance. Plus tard au pied de la croix, il y a seulement quelques personnes et “c’est là tout l’amour du monde” dit encore Lacordaire.

Dans l’évangile de Jean parmi cette poignée de proches, certains sont signalés par leur nom — Marie de Cléophas, Marie Madeleine — et d’autres désignés différemment comme Marie dont l’évangile dit : sa mère et que Jésus appelle : Femme. De même pour Jean dont le nom n’est pas écrit, mais le texte dit : le disciple, et Jésus l’appelle : Fils.
Il est intéressant pour nous que Jean, le bien-aimé, le témoin de toute la vie de Jésus jusqu’au coup de lance, soit anonyme, ainsi ce peut être toi ou moi. Dans l’évangile de Luc, les deux larrons (brigands, malfaiteurs) sont également anonymes, ce peut être toi ou moi. Le premier voit court, le second entrevoit loin. L’un pressent Dieu et demande tout, l’autre se contente de vouloir sauver sa peau. Le centurion cité par Marc et Luc (Matthieu lui associe les autres gardes) lui non plus n’a pas de nom, ce peut être toi ou moi. Il est le plus étranger dans ce groupe, par sa citoyenneté romaine, par son état militaire, par sa mission d’occupant. Lui, le païen, il voit, il rend grâce à Dieu et témoigne : “vraiment cet homme était un juste” ou “vraiment cet homme était fils de Dieu”.

Même si nous sommes légitimement bouleversés par ces récits qui nous rapportent le faux procès, le supplice, l’agonie de Jésus que nous aimons, nous ne pouvons séparer ces textes de ceux qui suivent et annoncent sa résurrection. Si dans notre propre passion Jésus nous montre le chemin inéluctable du sacrifice, il nous assure que la victoire est déjà acquise et sa résurrection nous montre que la vie l’emporte et gagne toujours, pour Lui et pour nous. Cette passion n’est pas une complaisance dans la souffrance, ni le plaisir d’être victime, bien au contraire puisque nous en connaissons l’issue. Mais comme pour le Christ elle résulte de l’écart inévitable entre ce que Dieu désire et ce que le monde refuse.

Vouloir collaborer à l’œuvre du Père nous situe dans ce combat et nous en payons le prix, en cela nous imitons le Christ. Alors le vendredi saint est sans doute pour nous le jour le plus heureux de l’année liturgique, parce qu’il nous rassure et nous assure dans ce que nous traversons.
Il nous console dans notre passion.

La croix reste notre triomphe, notre étendard, notre victoire, notre bénédiction.

Jean Pierre Brice Olivier 04 07

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