à Propos


Viviane de Montalembert


La Ste Trinité, un mystère à pratiquer 06 07

Je ne me tairai pas 01 07

La compassion, un mystère 02 08

L'encyclique "Spe salvi" 12 07

Devoirs de mémoire 03 08

SUITE…

 

Je ne me tairai pas

Isaïe 62, 1-5
 
"À cause de Sion je ne me tairai pas, à cause de Jérusalem je ne me tiendrai pas en repos, jusqu'à ce que sa justice jaillisse comme une clarté, et son salut comme une torche allumée."

Parler est une nécessité, la plus urgente qui soit.

Mais parler pour dire quoi ? Pas pour dire « tout » et n’importe quoi, comme le font les arrogants et les pervers dont l’audace souvent nous étonne. Pas non plus pour répéter ce que tout le monde dit déjà et accumuler les mots comme on empilerait des parpaings pour se bâtir un mur. Parler n’est pas discourir sur les « valeurs », qui ne servent qu’à nourrir le prestige de ceux qui les possèdent. Parler n’est pas « communiquer », qui consiste à partager les informations dont on dispose, ni « s’expliquer » pour se faire valoir ou pour se justifier. Parler n’est pas non plus ressasser le malheur, qui tend à affirmer que demain sera comme aujourd’hui et cela pour longtemps. Là, il n’y a pas d’avenir, le temps est arrêté.

Qui veut-on faire taire ?

Si le mensonge se répète, la vérité en revanche improvise. Parler, c’est secouer le joug des mots insolents ou banals pour… dire, tout simplement, mais c’est beaucoup plus difficile qu’on croit. Dire à l’envers de ce que les autres disent ou ce qu’ils n’attendaient pas ; pas pour contredire ni pour faire son malin, mais pour que craque le carcan de l’image immobile et que jaillisse la vraie vie — la « justice » dit le texte.

La justice dans la bible n’est pas une balance à deux plateaux mais elle est un flambeau, un torrent, une pluie, un soleil, ou encore un manteau, une cuirasse, un héritage ; la justice véritable fait surgir un homme nouveau1, elle dénoue les situations bloquées et permet d’avancer, elle emmène le temps vers son accomplissement.

Parler n’est pas d’abord pour soi

Parler n’est pas d’abord pour soi mais pour Dieu et pour le monde, pour remettre le temps en mouvement. Rien n’est plus déstabilisant pour le pouvoir en place, que de lui dire ce qu’il n’attendait pas2. Parler est un acte héroïque. C’est se faire prophète. Parler ne peut se faire sans le secours de Dieu, on y risque sa peau. Mais c’est le seul degré de l’humain où l’on puisse se dire « homme » et « femme » pour de bon. Parler ouvre l’accès aux Noces : un homme y acquiert sa pleine stature d’homme et de fils de Dieu, il est figure de l’Époux qui vient3 ; et une femme s’y avance avec Dieu à son bras. Là, le jeu change de mains, les mots sont redistribués :
 
"On ne te dira plus : “Délaissée” et de ta terre on ne dira plus : “Désolation”. Mais on t’appellera : “Mon plaisir est en elle” et ta terre : “Épousée”. Car Yahvé trouvera en toi son plaisir, et ta terre sera épousée." (Isaïe 62, 4).

Viviane de Montalembert 01 07

1.La justice dans la Bible n’a rien de commun avec notre balance à deux plateaux où l’on prétend peser les actions bonnes ou mauvaises, où l’on tente d'équilibrer rigueur et miséricorde. Dans la Bible, la justice est univoque. Elle se définit par la surabondance, sans idée de contrepartie négative. Elle est un flambeau (Sir 32, 20), un torrent (Am 5, 24), une pluie (Is 45,8), un soleil (Mal 3, 20), un manteau (Bar 7, 2), une cuirasse (Sg 5, 18 ; Is 59, 17 ; Eph 6, 14), un héritage (He 11,7). Elle fait surgir un homme nouveau « créé dans une justice véritable » (Eph 4,24).

2.Le « pouvoir en place » n’est pas nécessairement un supérieur hiérarchique ou un patron mais toute personne — un frère, une sœur, un/e conjoint/e, un/e collègue de travail, malade ou bien-portant — qui exerce, sur l’un ou l’autre de ses proches, une forme quelconque de tyrannie.

3.Cf Apocalypse 22, 17.

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