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Fête de l'Ascension "Un esprit de sagesse…"
L'"esprit de sagesse" spontanément nous renvoie au bon comportement, à la conduite à tenir, au savoir avisé. Mais Paul, ici, dit tout autre chose : "l'esprit" dont il parle est celui qui donne à "connaître le Père dans sa gloire", à le connaître "vraiment", sur le mode de l'expérience vécue. L'Apôtre nous invite ainsi à quitter le code de bonne conduite pour entrer dans le champ de la présence. On se souvient du questionnement de l'apôtre Philippe, accompagné de Thomas, à la veille de la Passion : "Montre-nous le Père, et cela nous suffit". Et Jésus de lui répondre aussitôt, comme interloqué : "Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ?1" Ils étaient de ses amis, des plus proches, de ceux qui l'ont suivi durant trois ans, qui l'ont vu guérissant les malades et ressuscitant les morts… et pourtant ils ne l'ont pas "connu", ils n'ont pas su son chemin, sa trajectoire, le sens de sa vie, ils n'ont pas vu son cœur. "Qui m'a vu, a vu le Père", insiste Jésus. Mais non, ils n'ont pas "vu" en lui le Père, et donc ils ne l'ont pas "vu", lui non plus. Ils n'ont connu de lui que l'ami, ce qu'il était pour eux – eux qui seuls comptent pour eux. "Quand je dis que je connais quelqu’un et que je l’aime, je vise au-delà de ses qualités un fond inépuisable qui peut faire éclater un jour l’image que je me faisais de lui", écrit le philosophe2. C'est ainsi qu'est mise à l'épreuve, en cette fête de Pentecôte, la foi du croyant, invité à entrer dans une dimension nouvelle de son être-avec-Jésus dont il ne sait rien encore. Tout comme Nicodème venu tard dans la nuit interroger Jésus : "Personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui.3" Cet homme-là veut vraiment connaître Jésus, le voir du dedans, au-delà des apparences, au-delà de l'image du thaumaturge, de l'homme qui fait le bien et qui rassemble les foules, avoir accès en lui à ce "fond inépuisable" dont parle le philosophe. La réponse alors ne se fait pas attendre : – "En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Naître, c'est sortir du ventre, certes ; c'est aussi "venir au monde" – un monde inconnu jusque-là –, accéder à une vie dont les modalités restent pour lui à explorer. "Naître de l'Esprit" – quand on est "vieux" !, autrement dit à "l'âge mûr" – c'est venir à un autre monde, le royaume de Dieu, et accéder à une tout autre sagessequi ne se soucie plus de péché ni de condamnation, et qui fait l'homme libre de tout jugement, car " le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit". "Naître de l'Esprit" enfin, c'est recevoir une nouvelle identité portée par la voix du Père trouant le ciel : "Tu es mon fils bien-aimé, en toi j'ai mis tout mon amour !4". "Tu es docteur en Israël, et tu ne sais pas ces choses ! […] Si vous ne croyez pas quand je vous ai parlé des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes ?", s'étonne Jésus. C'est donc bien d'une "chose terrestre" qu'il s'agit ici, difficile à croire et promise pourtant, non pas après la mort mais dès cette terre, à celui ou celle qui, s'étant longuement efforcé de plaire à Dieu et jusqu'à l'épuisement de ses propres forces, sait désormais ne plus tenir sa vie que de ce Père "dans sa gloire" qui envoie son Esprit pour le réjouir et le sauver, à longueur de jours. 1. Évangile de Jean 14, 8-9 |
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