À Propos


Viviane de Montalembert


Courrier
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Cité

"On veut du sexe, pas du genre"… ?
Je voyais, l'autre jour à la télévision, deux vieillards très convenables dont les silhouettes s'encadraient dans la fenêtre d'un immeuble haussmannien. S'associant à la manifestation contre "le mariage pour tous", ils brandissaient une pancarte sur laquelle était écrit : "On veut du sexe, pas du genre". Je les ai trouvés magnifiques !

Il me semble pourtant déraisonnable aujourd’hui de tenir pour l'une de ces deux démarches à l'exclusion de l'autre — le sexe ou le genre. Il faudrait joindre au moins les deux ensemble. Certes il y a, dans l'attribution de l'identité sexuée, un fondement de nature mais il y a aussi, à partir de là, une construction sociale qui se met en place, variable selon les cultures. Si on insiste aujourd’hui autant sur le genre, c’est que dans les siècles passés on n’a voulu considérer que la nature sans prendre en compte le fait que la répartition des rôles et le partage du pouvoir entre hommes et femmes (le plus souvent au détriment des femmes) ne peuvent pas être de nature mais qu’ils sont nécessairement le produit d'une construction sociale.

La théorie du genre vient donc fort heureusement relativiser une certaine manière "fondamentaliste" de lire les corps comme l'expression univoque de l'"identité sexuée" et, dans le même mouvement, qui fait de la différenciation morphologique des sexes la matrice de la relation entre hommes et femmes. Une telle lecture "naturaliste" transpose dans l’humain, à l’identique, les caractères sexués mâle ou femelle déjà présents dans l’animal sans introduire, de l’un à l’autre, aucune rupture. C'est faire un syllogisme, car si la morphologie mâle et femelle se trouve dans l’humain comme dans l’animal, on ne peut pas dire pour autant que les humains soient des animaux ou les animaux des humains. Il faut bien qu'il y ait un élément qui caractérise l'humain qui soit absent de l'animal. Le sexe ne peut donc pas être seul à définir l'identité sexuée. Les théories du genre, en ce sens, sont précieuses, qui mettent en évidence cette autre part de l'identité sexuée qui n'est pas que de nature mais de culture et qui, de ce fait, peut évoluer.

Cependant, quoiqu'il en soit de l’une ou l’autre de ces théories, il nous faut néanmoins admettre qu'elles ne réussissent à faire de l'humain tout au plus qu'un "animal social". Lequel "animal social" est naturellement soumis à la loi générale (sociétale, psychologique ou  religieuse…) qui donne de la différence des sexes une définition immuable, applicable à tous. Ce qui  pour nous s'avère insuffisant.

La rupture entre l'animal et l'humain, il faut la chercher au-delà, dans le passage de la généralité à la singularité ; c’est là qu’intervient la conscience que l’on peut avoir de la présence de Dieu et de son action. Car Dieu ne se répète pas, il ne fait pas de l'identique, il fait du personnel ; de chacun de ceux qui se confient à lui, il fait une création nouvelle. Pour ceux-là qui sont à Dieu (sans nécessairement le confesser) l'identification sexuée prend chaque fois la forme d'une destinée personnelle. Pour l'individu mâle ou femelle qui s'y aventure, c'est une marche en terre inconnue, une façon absolument neuve et inédite de voir apparaître peu à peu un homme, une femme qu'on ne savait pas. La morphologie corporelle qui estampille l'enfant comme fille ou garçon alors n'est pas gommée, mais elle sonne ici comme un appel, et un combat. Un appel, car il y faut du temps, et du courage, pour affronter cette inscription dans le corps d'une identité sexuée dont on ne sait rien - ni du rapport à l'autre sexe, ni de l'expression sociale qui en résultera ; un combat, face à la multitude de ceux qui, ignorant Dieu, s'accommodent fort bien de la répétition du même, de générations en générations, et qui tiennent à l'imposer — je ne parle pas ici de religion ni de confession de foi - j'y insiste - mais de dispositions existentielles qui se rencontrent dans toutes les sociétés et toutes les cultures.

Pour conclure : les théories de la différence, qu'elles se fondent sur le sexe ou le genre pour définir les paramètres de l’identité sexuée, s'accommodent mal de la présence de Dieu qui, d’un homme et d’une femme, et de leur rencontre, fait chaque fois surgir la nouveauté. "Et l'homme dit : “Celle-ci, cette fois, est l’os de mes os et la chair de ma chair…”" (Genèse 2, 23).
Viviane de Montalembert 02 13
 

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