Courrier : |
Philosophie Un siècle après la Révolution d’Octobre, la Russie nous effraie car elle se fait peur à elle-même. Pour toute mémoire, elle n’a que le trou noir de 70 ans de totalitarisme soviétique. Balançant entre amnésie et hypermnésie sur son passé, elle est impuissante à écrire son présent, à dessiner son avenir. Ce livre est un voyage doublement intérieur. Celui d’une fille de l’émigration à travers un pays imaginaire. Celui d’une écrivain-journaliste au sein d’un peuple déchiré. De la place de la Loubianka à Moscou, où le FSB a remplacé le KGB, au monastère des Solovki, le premier camp du Goulag redevenu un haut-lieu spirituel, de l’insubmersible momie de Lénine sous les murs du Kremlin à la canonisation des Romanov par l’Église orthodoxe, des faucilles et marteaux qui continuent d’orner les immeubles où ont vécu les héros de l’URSS aux inscriptions discrètes rappelant qui y a été raflé, de la mainmise inexorable de Poutine au culte revenant de Staline, voici, passés au hachoir de la terreur rouge, les non-lieux d’un souvenir à la fois éteint et aigu. Un livre fulgurant, féroce et fervent, pour dire qu’il n’est pas d’anniversaire pour les impossibles nostalgies. Renaud Escande 01 18 |